J’ai habité huit maisons dans six villes. Je n’ai pas d’attachements pour ces lieux, j’ai appris à ne pas en avoir. Ce sont juste des endroits agréables. Ma maison, celle de mon enfance est celle de ma grand-mère.
Pendant plus de cinquante ans, la famille s’est retrouvée là pour les fêtes et les vacances. Cela ne devait jamais changer, encore moins disparaître. Ma grand-mère est morte l’année dernière. J’ai eu beaucoup de mal à revenir dans sa maison. Le matin, il n’y avait plus l’odeur du café. Chaque objet me la rappelait. Ce ne pouvait pas être autrement, tout était resté en l’état, elle était partie la veille ou allait revenir d’une minute à l’autre. J’ai tenté de capter, de sauver mes souvenirs et la vie qui était encore présente dans la maison, des choses banales, du quotidien. Certains endroits en sont restés imprégnés, mais une grande partie de la maison est désormais vide. Je m’y suis senti comme un intrus, un étranger. C’est pour moi une maison anonyme, que je ne connais plus.
2003