Les Grands Thermes par leur localisation et l’aspect majestueux de son architecture reflètent bien l’importance et leur place centrale dans la ville de La Bour-boule. Visiter ce lieu à l’arrêt (c’était la coupure hivernale et non le covid) est une expérience temporelle et fantasmatique importante, entre Shining et Retour vers le Futur, chacun ses références.
Mais la découverte des sous-sols a été pour moi un vrai choc: l’organisation des galeries, tous ces tuyaux qui courent et quadrillent l’espace, remontant vers la surface, distribuant fluides et vapeurs dans tout le bâti-ment. Il s’agit du système nerveux des thermes, de son essence même.
Toute cette ingénierie, entretenue, améliorée au fil des années évoque un savoir-faire d’avant le numérique.
Ici, point d’ordinateur, de serveur ou de fibre optique.
Ça parle de tuyau, pression, température, quelque chose qui semble si désuet, mais également totalement intemporel.
Résidence artistique 2020 – 2021, collectif N.N.I.P.A.S.
Quand nous sommes arrivés à l’hiver 2020 à La Bourboule, nous en avons immédiatement ressenti la puissance. La roche qui domine d’abord, puis les éléments qui creusent le sillon de la vallée. Tout autour la nature et, en son sein, les femmes, les hommes et l’histoire qui s’écoule.
La question du soin a été notre point de départ et la commande des Grands Thermes nous laissait carte blanche pour interpréter ce territoire. Nous nous y sommes plongés quelques jours, puis employés plusieurs mois durant. Revenant chacun ponctuellement polir ce que nous avions esquissé initialement. Il y a eu un film, Lewis (avec Damien Bonnard), tourné sous des flocons de mars, des sculptures peaufinées un an durant, il y avait des images à travailler, des archives à trier, un espace thermal à investir, un projet à mener. Le temps de l’estive, nous livrons aux bourbouliens, aux curistes et aux visiteurs de la station notre interprétation collective.